Emotions

Les virtuoses

À quoi bon jouer dans une fanfare quand le monde s'écroule ? Pourtant, Danny ne vit que pour la musique... Un film drôle et émouvant qui rend hommage à la dignité des mineurs anglais sacrifiés sur l'autel du profit.

jeudi, 5 mars 2009 à 20:45

Rediffusions : 12.03.2009 à 14:45
Les virtuoses
(Royaume Uni , 1996, 91mn)
ARTE F
Réalisateur: Mark Herman
Montage: Michael Ellis
Acteur: Ewan Mcgregor, Jim Carter, Mary Healey, Melanie Hill, Pete Postlethwaite, Peter Martin, Philip Jackson, Stephen Tompkinson, Sue Johnston, Tara Fitzgerald
Auteur: Mark Herman
Producteur: Channel Four Films, Miramax, Prominent Features 

À quoi bon jouer dans une fanfare quand le monde s'écroule ? Pourtant, Danny ne vit que pour la musique... Un film drôle et émouvant qui rend hommage à la dignité des mineurs anglais sacrifiés sur l'autel du profit. 

La petite ville de Grimley dans le Yorkshire vit sous la menace d'une prochaine fermeture de sa mine, une catastrophe qui précipiterait ses habitants dans le chômage et la misère. Démotivés et aigris, les musiciens de la fanfare s'apprêtent à ranger définitivement leurs instruments lorsque la belle Gloria fait irruption dans leur quotidien. Malgré les difficultés, conscients que la musique est la seule raison d'être de Danny, leur chef d'orchestre, ils restent soudés par le respect qu'ils lui portent. Grâce à la fanfare, les mineurs retrouvent bientôt la force de se battre pour regagner leur dignité perdue.

Comédie en mode mineur
Dans la lignée de Ken Loach et du cinéma social anglais des années 1980, Mark Herman nous place face à la déroute et à la résignation des mineurs, laissés pour compte de l'ère Thatcher. La situation se trouve résumée dans la scène où Jim est accusé par sa femme de brasser inutilement de l'air dans sa trompette au lieu de continuer la lutte avec les syndicats. Il lui répond dépité qu'au moins, lorsqu'il joue avec la fanfare, on l'écoute. Les habitants de Grimley ont perdu l'espoir de pouvoir sauver une profession désormais condamnée. Sans misérabilisme ni militantisme primaire, le réalisateur décrit avec justesse et réalisme le mépris avec lequel sont traités ces ouvriers des profondeurs, tant par leurs patrons que par leurs propres familles. L'oscillation permanente des personnages entre euphorie et abattement, l'autodérision et l'humour dont ils savent faire preuve face aux humiliations, donnent sa véritable dimension au film. Il ne s'agit pas d'une banale chronique ouvrière, ni même d'un documentaire sur l'extinction inéluctable d'une "espèce", mais d'un film plein d'émotion et d'humour, à la gloire de la solidarité et de la dignité humaines.

Danny me fait penser à mon Grand-Oncle,mineur à La Grand-Combe mort de la silicose à 60 ans ...